26 mai 2023
Critique du concert (ES-Zeitung, 6/06/2019)
Adieux étincelants aux accents d'une Europe vivante
Ostfildern : Alexander Burda donne une impressionnante soirée d'adieu après 15 ans à la tête de l'orchestre symphonique
Par Edda Höfer
La success story de l'orchestre symphonique d'Ostfildern, qui dure depuis bientôt quarante ans, s'est manifestée avec éclat samedi dernier au travers de ce Sommerkonzert, concert d'été. Trois œuvres, deux ensembles, deux nations, deux solistes et deux chefs ont tissé un passionnant arc européen à l'occasion de cette très belle soirée au Theater an der Halle.
Après une charmante salutation adressée à la salle archi-comble par Alexander Burda, qui dirige l'orchestre depuis quinze ans, nous avons pu entendre le quatrième concerto pour violon de Mozart (…) Ont ensuite fait leur entrée la soixantaine de chanteuses et chanteurs du chœur parisien Les Mesnilchantants (…)
Incroyable expressivité du chœur
Cette entente musicale franco-allemande nous touche tout particulièrement, si peu de temps après une élection européenne qui donne à réfléchir. Cette collaboration dure depuis quinze ans maintenant, grâce aux liens amicaux et professionnels qui unissent Alexander Burda à la France. Celui-ci passe à présent la baguette à Ludivine Sanchez, qui dirige le chœur depuis de longues années, et qui nous propose de larges extraits de l'oratorio Elias de Mendelssohn – œuvre qui fut créé autour de 1846 non pas en Allemagne, mais à Birmingham, dans l'interprétation d'un chœur et d'un orchestre anglais. Avec un langage corporel qui s'apparenterait presque à la danse, mais toujours précisément ciselé dans le geste, la Française, tantôt accompagnée de l'orchestre, tantôt du seul piano, dirige la geste dramatique intense du peuple d'Israël et du prophète Elie. Incroyable expressivité de ce chœur, dont on comprend parfaitement chaque parole du texte et qui incarne de façon convaincante toute la richesse et la variété de la palette sonore de l'œuvre – des puissants tutti à quatre voix donnés fortissimo au difficile Doppelquartett à huit voix en passant par le quatuor exécuté pianissimo et quasi a capella.
On reste tout particulièrement conquis par l'incroyable rayonnement vital de ce chœur. On ne peut que constater l'évidente joie des chanteurs à partager la musique avec les instrumentistes d'Ostfildern, qui résonnent avec eux dans une sympathie complice.
« Tout ce qui est étrange et inquiétant » : voilà la sphère de la tonalité de do mineur choisie par Beethoven pour son troisième concerto pour piano. Tout comme dans sa célèbre 5e symphonie, le caractère sombre est pleinement exploité et mis en tension, pour un effet maximal, avec les passages plus lumineux.
Sous la direction toujours aussi rigoureusement fiable d'Alexander Burda, qui a repris la baguette après l'entracte pour la deuxième partie du concert, nous avons entendu le premier mouvement de cette œuvre extraordinaire. L'orchestre au complet ainsi que le pianiste Gautier Willemin, accompagnateur de longue date des Mesnilchantants ont fait preuve d'un brio extraordinaire, voire triomphal par l'énergie dégagée. Le soliste a rendu justice jusqu'au bout aux infimes nuances de la partition autant qu'à une virtuosité qui exige tout de l'interprète. Quel forte à l'attaque du piano après l'exposition ! Quelle belle et incomparable interprétation de la cadence ! Un tonnerre d'applaudissements a salué soliste et orchestre, hommage d'un public conquis et enthousiaste.
Une deuxième salve d'extraits d'Elias par le chœur a conclu de façon non moins impressionnante cette soirée de concert.
Précisons pour finir que celle-ci venait clôturer une ère de l'orchestre symphonique d'Ostfildern, avant qu'Alexandre Burda ne cède la baguette à son jeune successeur Joachim Schönball.
traduction : Anna Gibson